mercredi 30 janvier 2008

Pourquoi un dialogue inter-religieux ?


Nous pouvons réfléchir aux fondements théologiques de ce dialogue. Jean-Paul II le fondait[1] dans une unité première de l’humanité. En effet, si nous avons une origine et un destin communs, n’avons-nous pas le souci de rechercher à faire l’unité ? Notre théologie nous inspire dans notre manière d’agir, de même que nos expériences du monde interrogent notre théologie.

Dieu nous parle depuis toujours ! On peut même dire, pour nous catholiques, qu’il a parlé d’abord à des juifs. Dieu veut offrir son salut aux hommes, il est normal alors de dialoguer avec tous les hommes en vue de ce Salut.

Y-a-t-il plusieurs niveaux de dialogue ?

On peut parler de 4 formes de dialogue :

  • dialogue de vie ou comment "vivre ensemble"
  • dialogue des oeuvres ou comment agir ensemble pour le bien de l'humanité
  • dialogue des echanges théologiques ou comment discuter ensemble entre les différentes religions sur des thèmes dogmatiques ou de foi, et sur des questions sociales.
  • dialogue de l'expérience religieuse ou comment partager ensemble nos richesses spirituelles

Plus que jamais, le monde a besoin d’espérance ! Chacun à notre manière nous sommes appelés à témoigner de ce Christ mort et ressuscité ! Si beaucoup de choses nous séparent, cela n’empêchera pas que ceux qui se laissent guider par l’Esprit de Dieu d’aimer dans l’autre celui que Dieu aime et qu’Il appelle au Salut sans jamais accepter d’identifier l’homme et sa religion.



[1] dans son discours à la curie romaine en décembre 1986.

mercredi 23 janvier 2008

« Hors de l’Eglise, point de salut ! » ?


Cette formule[1] de Saint Cyprien de Carthage qui voyaient des chrétiens apostasier devant les persécutions, veut rappeler qu’une appartenance à l’Eglise est nécessaire pour être sauvé. Mais quelle est notre manière d’appartenir à l’Eglise ?

Saint Thomas d'Aquin envisage une appartenance spirituelle à l'Eglise par un désir surnaturel. Saint Thomas insiste sur une action directe de Dieu envers le païen. Le salut est donc possible par une grâce spéciale même si le prédicateur n'est pas présent.

H. de Lubac, en 1938, dans Catholicisme parle de « salut par l'Église ». L’Eglise est le « sacrement universel du salut » (LG 48) dit le concile Vatican II.

Pie XII va identifier " Eglise " et " corps mystique de Jésus-Christ ". On peut ainsi distinguer plusieurs degrés d’appartenance à l’Eglise. Dans l'encyclique Mystici Corporis (1943), les personnes ne partageant pas notre foi peuvent appartenir invisiblement à l'Eglise sans le savoir[2]. S'ils sont sauvés, ils le sont donc par l'Eglise et le Christ ! Une plénitude de grâce se reçoit donc dans le corps de l'Eglise, mais Dieu peut toucher quiconque qui, par sa conduite, se rapprochera des actes du corps de l'Eglise. On peut donc parler de désir implicite animé par la charité parfaite, une foi surnaturelle !

Mais quelle valeur accordée à cette foi surnaturelle s’il n’y a pas d’enseignement, de missionnaire ? Est-ce comme saint Paul sur le chemin de Damas, une lumière surnaturelle ?

Aujourd’hui, après le concile Vatican II, on peut reconnaître différents degrés d’appartenance à l’Eglise : il y a ceux qui font partie du corps visible de l’Eglise (ceux qui confessent la foi catholique sous l’autorité du pape et des évêques et qui vivent des sacrements), ceux qui confessent cette foi au Christ en étant séparés de l’Eglise catholique (Lumen Gentium 15)[3], et ceux dont « l’ignorance est invincible » (Lumen Gentium 16)

et qui ne connaissent pas Dieu pour qui le salut est possible. Sur ce dernier point, il y a même une progression du magistère sur Pie XI qui ajoutait une foi en un dieu rémunérateur et une observance de la Loi naturelle. Sans pour autant nier cela, le concile Vatican II va admettre qu’une foi implicite et une vie droite suffisent.

Ce que saint Thomas appelait « grandeur » (grâce d’engagement vers le bien parfait), le concile Vatican II le nomme don qui illumine tout homme. Ainsi chaque homme reçoit une grâce pour être sauvé ; il peut lui rester fidèle sans que celle-ci s’exprime clairement par une foi explicite en Dieu… s’il ne s’éloigne pas de cette grâce, il peut vivre ce mystère de salut ; nul ne sait, cela reste dans le secret de Dieu. Cette grâce qui touche les « incroyants » peut se tout de même se manifester extérieurement par des vertus (sacrifice, fidèlité dans le mariage, vie droite et honnête, aumône, découverte de la Charité…)[4].

En conclusion, il existe des moyens ordinaires de salut tels les sacrements dispensés par l’Eglise mais tout homme qui reçoit une grâce suffisante pour être sauvé est incorporé invisiblement à l’Eglise catholique, s’il n’y met pas obstacle (Chacun est libre !). L’axiome « Hors de l’Eglise point de salut » reste bien vrai : c’est toujours par le Christ et l’Eglise que les hommes sont sauvés.

NB : cet article est certainement trop long mais se veut explicite d’une pensée difficile à rendre compte… et dont je vous laisse encore en annexe une petite réflexion[5].


[1] La formule « Extra Ecclesiam nulla salus » dont on trouve déjà des équivalences parmi les Pères apostoliques, est attestée chez Origène (vers 249–253) : « Que personne donc ne s'illusionne, que personne ne se trompe lui-même : hors de cette demeure, c'est-à-dire hors de l'Eglise, personne n'est sauvé (extra hanc domum, id est extra Ecclesiam, nemo salvatur); celui qui en sort est lui-même responsable de sa mort » et chez son contemporain saint Cyprien (251) : « Celui qui quitte l'Eglise (Quisquis ab Ecclesia segregatus) pour se joindre à une [secte] adultère, se sépare des promesses de l'Eglise. Il ne parviendra pas aux récompenses du Christ, celui qui délaisse l'Eglise du Christ (qui relinquit Ecclesiam Christi). [...] Il ne peut avoir Dieu pour Père celui qui n'a pas l'Eglise pour mère. Si, hors de l'arche de Noé, quelqu'un a pu être sauvé, quelqu'un pourra être sauvé hors de l'Eglise. »

[2] " Il faut admettre en effet que l'infinie miséricorde de notre Sauveur ne refuse pas maintenant une place dans son corps mystique à ceux auxquels il ne refusa pas, autrefois, son banquet. Car toute faute, même un péché grave, n'a pas de soi, pour résultat - comme le schisme, l'hérésie ou l'apostasie - de séparer l'homme du Corps de l'Eglise ". (Tout pécheur n’est pas pour autant exclu de l’Eglise, il garde son appartenance.) " Nous invitons ceux qui n'appartiennent pas à la société visible de l'Eglise catholique à s'arracher à cet état ou nul ne peut-être sûr de son salut éternel ; en effet même si par un certain désir et souhait inconscient, ils se trouvent ordonnés au Corps mystique du Rédempteur, ils sont cependant privés des si nombreux et si grands secours et faveurs célestes dont on ne peut jouir que dans l'Eglise catholique ".

[3] Dans Lumen Gentium 15, le concile Vatican II reprend Pie XI, qui reconnaissait dans Rerum orientalum la part de vérité restant dans les Eglises schismatiques.

Voici le texte de Lumen Gentium 15 :

" Avec ceux qui, étant baptisés, portent le beau nom de chrétiens sans professer pourtant intégralement la foi ou sans garder l'unité de la communion sous le Successeur de Pierre, l'Eglise se sait unie pour de multiples raisons. Il en est beaucoup, en effet, qui tiennent en honneur la Sainte Ecriture comme leur règle de foi et de vie, manifestent un zèle religieux sincère, croient de tout leur cur au Dieu Père tout-puissant et au Christ Fils de Dieu et Sauveur, sont marqués par le baptême qui les unit au Christ, et même reconnaissent et reçoivent d'autres sacrements dans leurs propres Eglises ou dans leurs communautés ecclésiales. Plusieurs d'entre eux jouissent même d'un épiscopat, célèbrent la sainte Eucharistie et entourent de leur piété la Vierge Mère de Dieu. A cela s'ajoute la communion dans la prière et dans les autres bienfaits spirituels, bien mieux, une véritable union dans l'Esprit-Saint, puisque, par ses dons et ses grâces, il opère en eux aussi son action sanctifiante et qu'il a donné à certains d'entre eux la force d'aller jusqu'à verser leur sang. Ainsi, l'Esprit suscite en tous les disciples du Christ le désir et l'action qui tendent à l'union paisible de tous, suivant la manière que le Christ a voulue, en un troupeau unique sous l'unique Pasteur. A cette fin, l'Eglise notre Mère ne cesse de prier, d'espérer et d'agir, exhortant ses fils à se purifier et à se renouveler pour que, sur le visage de l'Eglise, le signe du Christ brille plus clair ".

[4] Il faut encore lire Lumen Gentium 16 : " A ceux-là même qui sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l'Eglise le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que finalement, il ait la vie. Bien souvent, malheureusement, les hommes trompés par le démon, se sont égarés dans leurs raisonnements, ils ont délaissé le Vrai Dieu pour des êtres de mensonge, servi la créature au lieu du Créateur ou bien vivant et mourant sans Dieu en ce monde, ils se sont exposés aux extrémités du désespoir. C'est pourquoi l'Eglise, soucieuse de la gloire de Dieu et du salut de tous les hommes, se souvenant du commandement du Seigneur : " Prêchez l'Evangile à toutes les créatures " (Mc 16,16) met tout son soin à encourager et soutenir les missions "

[5] Avec le dialogue interreligieux, la problématique s'est déplacée de l'exclusivité de l'Église vers l'unicité du Christ, ce qui donnerait cette formule : « Hors du Christ, pas de salut ». Mais, précise alors B. Sesboüé, « il ne s'agirait évidemment pas de la proposer pour elle-même, au risque de la conduire aux mêmes difficultés que la formule classique parlant de l'Église. N'oublions pas cependant la formule johannique : "Hors de moi vous ne pouvez rien faire" (Jn 15, 5). Le théologien veut renoncer « à tout langage d'exclusion » et proposer « une unicité [du Christ] au bénéfice de tous » [qui est le chemin, la vérité et la vie].

"L'Eglise sait que la question morale rejoint en profondeur tout homme, implique tous les hommes, même ceux qui ne connaissent le Christ et son Evangile, ni même Dieu. Elle sait que précisément sur le chemin de la vie morale la voie du salut est ouverte à tous, comme l'a clairement rappelé le Concile Vatican II : "Ceux qui, sans qu'il y ait de leur faute, ignorent l'Evangile du Christ et son Eglise, mais cherchent pourtant Dieu d'un coeur sincère, et s'efforcent, sous l'influence de sa grâce, d'agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel." Et il ajoute : "A ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l'Eglise le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie (Const.dogm. Lumen Gentium n.16)."
Veritatis Splendor - Jean Paul II – 1993

Citation que fait B. Sesboüé de la déclaration Mysterium ecclesiae de 1973 de la CongrégationTout considéré, on doit dire que les formules dogmatiques du Magistère ont été aptes dès le début à communiquer la vérité révélée et que, demeurant inchangées, elles la communiqueront toujours à ceux qui les interpréteront bien. Mais il ne s'ensuit pas que chacune d'entre elles eut et gardera toujours cette aptitude au premier degré. Pour cette raison, les théologiens s'appliquent à circonscrire exactement l'intention d'enseigner que les diverses formules dogmatiques contiennent réellement, et ils rendent par là un grand service au magistère de l'Église auquel ils sont soumis. » (p. 353 du livre « Hors de l'Église pas de salut. Histoire d'une formule et problèmes d'interprétation » Paris, Éd. Desclée de Brouwer, 2004. 396 p.)

lundi 17 décembre 2007

La révélation chrétienne et les autres religions...


... voilà le nouveau thème de mon cours de théologie fondamentale !

Déjà dans la Bible, nous voyons qu'ils existent des religions "parallèles" à la religion juive ou chrétienne et si Jésus n'est pas venu pour les paiens (voir Mt 15,21-28), l'église apostolique s'est tournée très vite vers eux et ne cessera une évolution du regard portés aux non-chrétiens dans l'Eglise...

Si Jacques (pas l'apôtre mais mon frère séminariste !) pose "la Bible comme source et modèle du rapport aux autres religions pour les chrétiens", Samuel (pas le prophète, un autre frère !) nous rappelle le besoin d'un dialogue en vérité : "on ne peut pas se contenter de coexister!!".

Dans un monde où les distances et les frontières se sont raccourcies et où nous sommes de plus en plus appelés à nous rencontrer, il apparait important à mes yeux que chaque croyant connaisse bien sa religion pour un dialogue inter-religieux en vérité (une fois les malentendus, préjugés et erreurs - qui se sont formés au long d'une longue histoire - amenés au grand jour).

Quel préalable au dialogue interreligieux ?

Je crois qu'il faut prendre conscience de deux choses :
  • Nous ne sommes pas la Vérité contrairement à notre Créateur, source et garant de la Vérité
  • notre sentiment national, ethnique, et notre appartenance culturelle nous obligent à des liens de loyauté et de solidarité envers notre religion dans laquelle nous sommes nés.
Effectivement, l'appartenance à un groupe auquel notre interlocuteur peut s'identifier par mimétisme, peut l'aveugler au point de le rendre incapable d'imaginer possible une autre approche que celle qui lui a été enseignée du Dieu de la Révélation, une approche qui soit à la fois véridique et personnelle.

Ce qui faisait soupirer Saint Paul : "Comment donc invoquera-t-on celui en qui on n'a pas encore cru? Et comment croira-t-on en celui dont on n'a pas entendu parler? Et comment en entendra-t-on parler s'il n'y a pas de prédicateur?" (Rm 10,14)

Bien entendu, il apparait évident il nous faut accepter d'honorer les exigences de la raison, même ci celle-ci peut s'incliner devant une vérité qui lui est supérieure et inaccessible, du moins doit-elle toujours être en accord avec elle-même. La raison est ce qui, parmi toutes les créatures, spécifie l'homme; s'il la trahit, il se trahit lui-même, et déshonore Dieu qui lui a donné une telle dignité, non pour qu'il la méprise mais pour qu'à sa lumière il cherche et trouve la vérité.

Inspiration et canon des écritures

La racine du mot canon vient du mot Hébreu « kanah » et du mot grec « kanon » et sa définition est « une règle », « une norme ». Le canon désigne l'ensemble des Livres reconnus comme inspirés par une communauté religieuse. Inspirés ... à mon avis, c’est le caractère déterminant pour la constitution d'un Canon. En effet, n'oublions pas que la Bible ne raconte pas une histoire comme les autres ; Dieu nous parle au travers des écrits de la Bible

Dès les premiers chapitres de la Genèse, l’homme a mis en doute la parole de Dieu : « Dieu a-t-il réellement dit … ? » (Gn 3,1). Paul, lui, affirmait : « Je crois tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes » (Ac 24,14). Pour les apôtres comme pour Jésus avant eux, il ne fait aucun doute : l’Ancien et le Nouveau Testament sont la parole même de Dieu, ils sont inspirés. Mais qu’entendons-nous par « inspiration » ?

J.-M. Nicole dans son Précis de Doctrine Chrétienne, définit l’inspiration comme « L’action du Saint-Esprit agissant sur l’auteur sacré et lui permettant d’exprimer d’une manière exacte ce que Dieu lui a révélé. »

En 2 Tm 3,16, Saint Paul nous dit que « toute Ecriture est inspirée de Dieu » et Saint Pierre ajoute que « c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 P 1,21). L’Ecriture trouve donc sa source en Dieu et non dans l’homme, mais elle respecte tout ce qui fait la personnalité de l’homme, son style, son histoire. D’ailleurs, l’auteur n’est pas omniscient (Da 12,8-9).

En conclusion, on peut dire que le livre de la Bible est une parole divine et humaine.

Oui, mais alors, tout le monde qui se sent inspiré peut écrire ou parler au nom de Dieu ?

C’est là où rentre en jeu ce que l’on appelle la canonicité des écritures. Je ne vais pas en faire toute l’histoire, mais mon frère séminariste Samuel utilise le terme de « sélection naturelle » qui me convient assez bien (en tant que biologiste !) pour expliquer le processus de formation du canon des écritures. Les textes utilisés pour nourrir la foi des communautés, reconnus comme utiles pour l’édification de celle-ci et pour les faire vivre de cette expérience de Dieu que l’auteur a faite ont ainsi été rassemblés pour former ce que nous appelons aujourd’hui la Bible. Sont reconnus à ces textes, Parole de Dieu adressée aux hommes, autorité et crédibilité[1]


[1] Et non pas obligatoirement authenticité car est authentique un livre qui a bien été écrit par l'auteur auquel il est attribué. Par exemple, la finale de Mc (16,9-20) n'est pas authentique, mais elle est canonique.

jeudi 6 décembre 2007

En quoi un livre peut-il me mettre en relation avec Dieu ?

Dans l’un des commentaires sur mon article précédent, une phrase a retenu mon attention : « si ma bible reste sur une étagère, alors elle reste un livre et non pas Parole de Dieu… ».

Si nous lisons ce livre, va-t-il changer quelque chose en nous ?

Ce livre nous raconte une histoire, des histoires puisqu’il y a plusieurs livres ! Chaque auteur va nous dire sa relation avec Dieu – il y a souvent des dialogues entre Dieu et les hommes – dans son histoire. Il va nous relater son expérience de Dieu avec ses mots, ses connaissances : une expérience paradoxale car elle le dépasse et le rejoint au plus profond de lui-même. Cette expérience propre de l’auteur peut nous toucher car nous pouvons ressentir cette expérience.

Ainsi Saint Augustin (Livre 8 Chapitre XII des Confessions)[1] en lisant un passage de l’Ecriture va trouver la réponse qu’il cherchait tant. De même, quand nous faisons une expérience et que nous voulons la relater, nous utilisons un langage inscrit dans notre histoire. Chaque auteur ou nous-mêmes, nous voulons partager cette expérience de foi avec d’autres mais elle reste pour chaque personne une expérience personnelle : nous ne pouvons donner la foi mais nous pouvons inviter chacun (tel l’enfant dans le jardin pour Saint Augustin) à la découvrir. Ainsi par analogie, chacun peut rejoindre l’expérience de foi de l’auteur et la partager avec tous ceux qui l’ont faite.

Chaque homme est capable de faire l’expérience d’un Dieu personnel ; Lui-même se révèle dans l’histoire des hommes et donne à l’homme la grâce de pouvoir accueillir cette révélation dans la foi.

La bible est donc un moyen d’accès vers cette mise en relation avec Dieu et pour découvrir ce que chaque homme désire au plus profond de son cœur… vivre et être aimé de Dieu.


[1] « Je disais et je pleurais dans toute l'amertume d'un cœur brisé. Et tout à coup j'entends sortir d'une maison voisine comme une voix d'enfant ou de jeune fille qui chantait et répétait souvent: «PRENDS, LIS! PRENDS, LIS!» Et aussitôt, changeant de visage, je cherchai sérieusement à me rappeler si c'était un refrain en usage dans quelque jeu d'enfant; et rien de tel ne me revint à la mémoire. Je réprimai l'essor de mes larmes, et je me levai, et ne vis plus là qu'un ordre divin d'ouvrir le livre de l'Apôtre, et de lire le premier chapitre venu. Je savais qu'Antoine, survenant, un jour, à la lecture de l'Evangile, avait saisi, comme adressées à lui-même, ces paroles: «Va, vends -ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel; viens, suis-moi (Mt 19,21);»et qu'un tel oracle l'avait aussitôt converti à vous. Je revins vite à la place où Alypius était assis; car, en me levant, j'y avais laissé le livre de l'Apôtre. Je le pris, l'ouvris, et lus en silence le premier chapitre où se jetèrent mes yeux: «Ne vivez pas dans les festins, dans les débauches, ni dans les voluptés impudiques, ni en conteste, ni en jalousie; mais revêtez-vous de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et ne cherchez pas à flatter votre chair dans ses désirs.» Je ne voulus pas, je n'eus pas besoin d'en lire davantage. Ces ligues à peine achevées; il se répandit dans mon coeur comme une lumière de sécurité qui dissipa les ténèbres de mon incertitude. » (Augustin, Confessions 8.12)

jeudi 4 octobre 2007

En quoi la Bible est-elle Parole de Dieu pour moi ?


Je partirai du livre conseillé pour les enfants au catéchisme : « ta parole est un trésor ». Le titre de ce document biblique est intéressant et je pourrai en faire le résumé de ma réponse, car si la Bible est un livre (on parle des « Ecritures »), comment puis-je comprendre le terme ou le concept de « Parole de Dieu » qui y est associé notamment à la fin d’une lecture à la Messe ?
Il est impossible de donner une définition de Dieu et encore moins sur le concept de « Parole ».

Il m’arrive souvent au cours des faits et gestes de ma vie quotidienne, que je comprenne un sens d’un passage biblique comme une prophétie ou une révélation. A partir d’un évènement d’aujourd’hui, je peux comprendre une parole que j’ai lue depuis longtemps et qui m’a été transmise par des générations de croyants. Dieu intervient donc dans ma vie et m’invite à aller plus loin dans ma relation avec lui et avec les hommes. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’une parole d’au moins deux mille ans puisse encore me faire bouger et rentrer dans cette alliance1 (relation) avec Dieu.

Par une parole biblique, je peux accéder à la Parole de Dieu incarnée, Jésus-Christ et rentrer en médiation avec son Père dans l’Esprit ! « Deo gratias »2

1 L’Alliance est un dialogue où Dieu parle le premier et où le peuple répond.

2 « Nous rendons grâce à Dieu » : parole de Dieu qui nous est adressée à laquelle nous sommes invités à prendre position

mardi 2 octobre 2007

Introduction à la théologie fondamentale


La foi, don gratuit de Dieu, et accessible à ceux qui la demandent avec humilité, est la vertu surnaturelle nécessaire pour être sauvé. L'acte de foi est un acte humain, c'est-à-dire un acte de l'intelligence de l'homme qui, sous la motion de la volonté mue par Dieu, donne librement son adhésion à la vérité divine. En outre, la foi est certaine, car elle est fondée sur la Parole de Dieu ; elle est agissante « par la charité » (Ga 5,6) ; elle grandit en permanence grâce en particulier à l'écoute de la Parole de Dieu et à la prière. Dès à présent, elle donne l'avant-goût de la joie du ciel. (Compendium 28)

La théologie évolue. C’est inévitable, pour un gain et non une perte. Mais c’est parfois déstabilisant !

Il faut fonder son discours sur la Parole de Dieu et la Tradition.

Différence entre la théologie dogmatique et la théologie fondamentale ?

Réappropriation de la tradition pour dire notre foi dans ce monde (théologie dogmatique).

Etudie les conditions d’accès à Dieu, comment s’appuyer sur la Parole de Dieu, elle s’intéresse aux mécanismes sous-jacents pour construire un discours sur Dieu. On ne peut pas faire de la théologie dogmatique sans théologie fondamentale. La théologie fondamentale a une part d’abstraction (outils, méthodes…) mais nous permet de rentrer dans une intelligence de la théologie dogmatique.

Comment penser la foi dans un contexte laïc, mondialisé, dans un fossé riche/pauvre, (Crise du sens, refus d’une présentation à un message universel, subjectivisme, perception de la vérité, individualisme, quête de sens, cartésien, pluralisme, relativisme, matérialisme, indifférence, replis sur soi…) ?

Dans le siècle dernier, qu’est-ce qui a fait bouger la théologie ?

Héritage des lumières (athéisme), œcuménisme et interreligieux, renouveau de l’exégèse et de la patristique, question du mal (contexte de guerre, shoah, réflexion ecclésiologique).

Tout discours ecclésiologique doit se situer dans la Tradition avec une prise en compte d’une herméneutique des Ecritures. Prise en compte aussi de l’herméneutique des dogmes. Prise en compte du contexte pluraliste (dans lequel nous vivons !). Pour cela, ce discours doit-être rigoureux, scientifique, logique et respectueux de la liberté de chacun, prendre en compte les sciences humaines et la philosophie contemporaine.