lundi 17 décembre 2007

La révélation chrétienne et les autres religions...


... voilà le nouveau thème de mon cours de théologie fondamentale !

Déjà dans la Bible, nous voyons qu'ils existent des religions "parallèles" à la religion juive ou chrétienne et si Jésus n'est pas venu pour les paiens (voir Mt 15,21-28), l'église apostolique s'est tournée très vite vers eux et ne cessera une évolution du regard portés aux non-chrétiens dans l'Eglise...

Si Jacques (pas l'apôtre mais mon frère séminariste !) pose "la Bible comme source et modèle du rapport aux autres religions pour les chrétiens", Samuel (pas le prophète, un autre frère !) nous rappelle le besoin d'un dialogue en vérité : "on ne peut pas se contenter de coexister!!".

Dans un monde où les distances et les frontières se sont raccourcies et où nous sommes de plus en plus appelés à nous rencontrer, il apparait important à mes yeux que chaque croyant connaisse bien sa religion pour un dialogue inter-religieux en vérité (une fois les malentendus, préjugés et erreurs - qui se sont formés au long d'une longue histoire - amenés au grand jour).

Quel préalable au dialogue interreligieux ?

Je crois qu'il faut prendre conscience de deux choses :
  • Nous ne sommes pas la Vérité contrairement à notre Créateur, source et garant de la Vérité
  • notre sentiment national, ethnique, et notre appartenance culturelle nous obligent à des liens de loyauté et de solidarité envers notre religion dans laquelle nous sommes nés.
Effectivement, l'appartenance à un groupe auquel notre interlocuteur peut s'identifier par mimétisme, peut l'aveugler au point de le rendre incapable d'imaginer possible une autre approche que celle qui lui a été enseignée du Dieu de la Révélation, une approche qui soit à la fois véridique et personnelle.

Ce qui faisait soupirer Saint Paul : "Comment donc invoquera-t-on celui en qui on n'a pas encore cru? Et comment croira-t-on en celui dont on n'a pas entendu parler? Et comment en entendra-t-on parler s'il n'y a pas de prédicateur?" (Rm 10,14)

Bien entendu, il apparait évident il nous faut accepter d'honorer les exigences de la raison, même ci celle-ci peut s'incliner devant une vérité qui lui est supérieure et inaccessible, du moins doit-elle toujours être en accord avec elle-même. La raison est ce qui, parmi toutes les créatures, spécifie l'homme; s'il la trahit, il se trahit lui-même, et déshonore Dieu qui lui a donné une telle dignité, non pour qu'il la méprise mais pour qu'à sa lumière il cherche et trouve la vérité.

Inspiration et canon des écritures

La racine du mot canon vient du mot Hébreu « kanah » et du mot grec « kanon » et sa définition est « une règle », « une norme ». Le canon désigne l'ensemble des Livres reconnus comme inspirés par une communauté religieuse. Inspirés ... à mon avis, c’est le caractère déterminant pour la constitution d'un Canon. En effet, n'oublions pas que la Bible ne raconte pas une histoire comme les autres ; Dieu nous parle au travers des écrits de la Bible

Dès les premiers chapitres de la Genèse, l’homme a mis en doute la parole de Dieu : « Dieu a-t-il réellement dit … ? » (Gn 3,1). Paul, lui, affirmait : « Je crois tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes » (Ac 24,14). Pour les apôtres comme pour Jésus avant eux, il ne fait aucun doute : l’Ancien et le Nouveau Testament sont la parole même de Dieu, ils sont inspirés. Mais qu’entendons-nous par « inspiration » ?

J.-M. Nicole dans son Précis de Doctrine Chrétienne, définit l’inspiration comme « L’action du Saint-Esprit agissant sur l’auteur sacré et lui permettant d’exprimer d’une manière exacte ce que Dieu lui a révélé. »

En 2 Tm 3,16, Saint Paul nous dit que « toute Ecriture est inspirée de Dieu » et Saint Pierre ajoute que « c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 P 1,21). L’Ecriture trouve donc sa source en Dieu et non dans l’homme, mais elle respecte tout ce qui fait la personnalité de l’homme, son style, son histoire. D’ailleurs, l’auteur n’est pas omniscient (Da 12,8-9).

En conclusion, on peut dire que le livre de la Bible est une parole divine et humaine.

Oui, mais alors, tout le monde qui se sent inspiré peut écrire ou parler au nom de Dieu ?

C’est là où rentre en jeu ce que l’on appelle la canonicité des écritures. Je ne vais pas en faire toute l’histoire, mais mon frère séminariste Samuel utilise le terme de « sélection naturelle » qui me convient assez bien (en tant que biologiste !) pour expliquer le processus de formation du canon des écritures. Les textes utilisés pour nourrir la foi des communautés, reconnus comme utiles pour l’édification de celle-ci et pour les faire vivre de cette expérience de Dieu que l’auteur a faite ont ainsi été rassemblés pour former ce que nous appelons aujourd’hui la Bible. Sont reconnus à ces textes, Parole de Dieu adressée aux hommes, autorité et crédibilité[1]


[1] Et non pas obligatoirement authenticité car est authentique un livre qui a bien été écrit par l'auteur auquel il est attribué. Par exemple, la finale de Mc (16,9-20) n'est pas authentique, mais elle est canonique.

jeudi 6 décembre 2007

En quoi un livre peut-il me mettre en relation avec Dieu ?

Dans l’un des commentaires sur mon article précédent, une phrase a retenu mon attention : « si ma bible reste sur une étagère, alors elle reste un livre et non pas Parole de Dieu… ».

Si nous lisons ce livre, va-t-il changer quelque chose en nous ?

Ce livre nous raconte une histoire, des histoires puisqu’il y a plusieurs livres ! Chaque auteur va nous dire sa relation avec Dieu – il y a souvent des dialogues entre Dieu et les hommes – dans son histoire. Il va nous relater son expérience de Dieu avec ses mots, ses connaissances : une expérience paradoxale car elle le dépasse et le rejoint au plus profond de lui-même. Cette expérience propre de l’auteur peut nous toucher car nous pouvons ressentir cette expérience.

Ainsi Saint Augustin (Livre 8 Chapitre XII des Confessions)[1] en lisant un passage de l’Ecriture va trouver la réponse qu’il cherchait tant. De même, quand nous faisons une expérience et que nous voulons la relater, nous utilisons un langage inscrit dans notre histoire. Chaque auteur ou nous-mêmes, nous voulons partager cette expérience de foi avec d’autres mais elle reste pour chaque personne une expérience personnelle : nous ne pouvons donner la foi mais nous pouvons inviter chacun (tel l’enfant dans le jardin pour Saint Augustin) à la découvrir. Ainsi par analogie, chacun peut rejoindre l’expérience de foi de l’auteur et la partager avec tous ceux qui l’ont faite.

Chaque homme est capable de faire l’expérience d’un Dieu personnel ; Lui-même se révèle dans l’histoire des hommes et donne à l’homme la grâce de pouvoir accueillir cette révélation dans la foi.

La bible est donc un moyen d’accès vers cette mise en relation avec Dieu et pour découvrir ce que chaque homme désire au plus profond de son cœur… vivre et être aimé de Dieu.


[1] « Je disais et je pleurais dans toute l'amertume d'un cœur brisé. Et tout à coup j'entends sortir d'une maison voisine comme une voix d'enfant ou de jeune fille qui chantait et répétait souvent: «PRENDS, LIS! PRENDS, LIS!» Et aussitôt, changeant de visage, je cherchai sérieusement à me rappeler si c'était un refrain en usage dans quelque jeu d'enfant; et rien de tel ne me revint à la mémoire. Je réprimai l'essor de mes larmes, et je me levai, et ne vis plus là qu'un ordre divin d'ouvrir le livre de l'Apôtre, et de lire le premier chapitre venu. Je savais qu'Antoine, survenant, un jour, à la lecture de l'Evangile, avait saisi, comme adressées à lui-même, ces paroles: «Va, vends -ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel; viens, suis-moi (Mt 19,21);»et qu'un tel oracle l'avait aussitôt converti à vous. Je revins vite à la place où Alypius était assis; car, en me levant, j'y avais laissé le livre de l'Apôtre. Je le pris, l'ouvris, et lus en silence le premier chapitre où se jetèrent mes yeux: «Ne vivez pas dans les festins, dans les débauches, ni dans les voluptés impudiques, ni en conteste, ni en jalousie; mais revêtez-vous de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et ne cherchez pas à flatter votre chair dans ses désirs.» Je ne voulus pas, je n'eus pas besoin d'en lire davantage. Ces ligues à peine achevées; il se répandit dans mon coeur comme une lumière de sécurité qui dissipa les ténèbres de mon incertitude. » (Augustin, Confessions 8.12)

jeudi 4 octobre 2007

En quoi la Bible est-elle Parole de Dieu pour moi ?


Je partirai du livre conseillé pour les enfants au catéchisme : « ta parole est un trésor ». Le titre de ce document biblique est intéressant et je pourrai en faire le résumé de ma réponse, car si la Bible est un livre (on parle des « Ecritures »), comment puis-je comprendre le terme ou le concept de « Parole de Dieu » qui y est associé notamment à la fin d’une lecture à la Messe ?
Il est impossible de donner une définition de Dieu et encore moins sur le concept de « Parole ».

Il m’arrive souvent au cours des faits et gestes de ma vie quotidienne, que je comprenne un sens d’un passage biblique comme une prophétie ou une révélation. A partir d’un évènement d’aujourd’hui, je peux comprendre une parole que j’ai lue depuis longtemps et qui m’a été transmise par des générations de croyants. Dieu intervient donc dans ma vie et m’invite à aller plus loin dans ma relation avec lui et avec les hommes. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’une parole d’au moins deux mille ans puisse encore me faire bouger et rentrer dans cette alliance1 (relation) avec Dieu.

Par une parole biblique, je peux accéder à la Parole de Dieu incarnée, Jésus-Christ et rentrer en médiation avec son Père dans l’Esprit ! « Deo gratias »2

1 L’Alliance est un dialogue où Dieu parle le premier et où le peuple répond.

2 « Nous rendons grâce à Dieu » : parole de Dieu qui nous est adressée à laquelle nous sommes invités à prendre position

mardi 2 octobre 2007

Introduction à la théologie fondamentale


La foi, don gratuit de Dieu, et accessible à ceux qui la demandent avec humilité, est la vertu surnaturelle nécessaire pour être sauvé. L'acte de foi est un acte humain, c'est-à-dire un acte de l'intelligence de l'homme qui, sous la motion de la volonté mue par Dieu, donne librement son adhésion à la vérité divine. En outre, la foi est certaine, car elle est fondée sur la Parole de Dieu ; elle est agissante « par la charité » (Ga 5,6) ; elle grandit en permanence grâce en particulier à l'écoute de la Parole de Dieu et à la prière. Dès à présent, elle donne l'avant-goût de la joie du ciel. (Compendium 28)

La théologie évolue. C’est inévitable, pour un gain et non une perte. Mais c’est parfois déstabilisant !

Il faut fonder son discours sur la Parole de Dieu et la Tradition.

Différence entre la théologie dogmatique et la théologie fondamentale ?

Réappropriation de la tradition pour dire notre foi dans ce monde (théologie dogmatique).

Etudie les conditions d’accès à Dieu, comment s’appuyer sur la Parole de Dieu, elle s’intéresse aux mécanismes sous-jacents pour construire un discours sur Dieu. On ne peut pas faire de la théologie dogmatique sans théologie fondamentale. La théologie fondamentale a une part d’abstraction (outils, méthodes…) mais nous permet de rentrer dans une intelligence de la théologie dogmatique.

Comment penser la foi dans un contexte laïc, mondialisé, dans un fossé riche/pauvre, (Crise du sens, refus d’une présentation à un message universel, subjectivisme, perception de la vérité, individualisme, quête de sens, cartésien, pluralisme, relativisme, matérialisme, indifférence, replis sur soi…) ?

Dans le siècle dernier, qu’est-ce qui a fait bouger la théologie ?

Héritage des lumières (athéisme), œcuménisme et interreligieux, renouveau de l’exégèse et de la patristique, question du mal (contexte de guerre, shoah, réflexion ecclésiologique).

Tout discours ecclésiologique doit se situer dans la Tradition avec une prise en compte d’une herméneutique des Ecritures. Prise en compte aussi de l’herméneutique des dogmes. Prise en compte du contexte pluraliste (dans lequel nous vivons !). Pour cela, ce discours doit-être rigoureux, scientifique, logique et respectueux de la liberté de chacun, prendre en compte les sciences humaines et la philosophie contemporaine.